Manuel Valls, une vieille copine…
Article republié écrit le 01/01/2025
Un jour, alors que je me baladais dans les couloirs gentrifiés de mon école, je me suis arrêté sur un écran diffusant les actualités de l’établissement. Une annonce a retenu mon attention : une conférence de Manuel Valls au sein du campus. S’il s’avère que cette conférence fut finalement organisée dans un autre site de l’école, cette annonce a au moins eu pour mérite de me rappeler l’existence de Manuel Valls. Piqué par la curiosité, votre serviteur a passé une heure à se renseigner sur la nouvelle vie de cet homme politique qui, durant un temps, fut l’un des plus influents de France.
Manuel Valls, c’est un peu comme cette vieille copine qui vous parle sans cesse de ses histoires d’amour. Des récits sans queue ni tête, avec des personnes complètement inappropriées, mais qui ont cependant toutes pour similitude de mettre votre amie dans un état de profonde détresse. C’est d’ailleurs souvent à ce moment-là que votre copine vous recontactera pour prendre de vos nouvelles en vous proposant de boire un verre ; rendez-vous que vous accepterez avant de réaliser que cette entrevue ne sera qu’un long monologue de votre partenaire sur sa vie sentimentale.
Pour vous éviter cette situation délicate, j’ai regroupé l’ensemble des informations sur Manuel Valls depuis la fin de son mandat de Premier ministre. Et croyez-moi, c’est du lourd.
« En Marche » vers l’Assemblée
Commençons par le début de la fin. Le 5 décembre 2016, après l’annonce de François Hollande de ne pas se représenter à l’Élysée, Manuel Valls annonce qu’il quitte ses fonctions de Premier ministre pour se lancer dans la course à la présidentielle. À la suite des primaires socialistes, il est battu au second tour par Benoît Hamon, en obtenant 41 % des voix. En bon perdant, il annonce ne pas soutenir Benoît Hamon, qu’il trouve globalement trop à gauche (bizarre dans une primaire de gauche, mais bon, passons).
Le 29 mars 2017, il annonce officiellement son soutien à Emmanuel Macron sur BFM, tout en précisant le soir même dans une interview qu’il se dit prêt à travailler avec François Fillon si ce dernier venait à devenir président. Preuve qu’il est important de toujours couvrir ses arrières.Le 18 juin 2017, il est élu député de l’Essonne, battant de 137 voix son opposante de LFI. Alors que LREM n’avait pas souhaité lui donner l’investiture officielle du parti (sans pour autant lui opposer de candidat LREM), ce dernier rejoint finalement le groupe centriste à l’Assemblée nationale grâce au soutien appuyé de Richard Ferrand.
Escapade espagnole
Plein d’ambition et se rappelant soudainement de ses racines espagnoles, il crée un nouveau parti politique et décide, le 25 septembre 2018, de se porter officiellement candidat à la mairie de Barcelone. Suite à cette annonce, il renonce à l’ensemble de ses mandats français et aux indemnités qui y sont liées. Pour lui permettre de vivre dignement suite à l’arrêt de ses mandats, son parti, soutenu par plusieurs industriels influents, lui verse un salaire mensuel de 20 000 euros nets pendant la campagne.
Le 26 mai 2019, monsieur Valls finit 4ᵉ de l’élection en obtenant 13,2 % des voix, permettant à son parti d’obtenir 6 sièges sur 41 au conseil municipal. C’est un score honorable pour un nouveau parti porté par un candidat quasiment inconnu sur place. Cependant, malgré ces résultats encourageants, l’escapade barcelonaise tourne court. Le 22 novembre 2022, son parti « Barcelona pel Canvi » est condamné par la justice espagnole à payer une amende de 277 000 euros pour financement illégal de campagne. La justice révèle que le parti a dépassé les plafonds réglementaires de 77 % et oublié de déclarer 177 000 euros de dépenses supplémentaires. Bon, en France, nous n’étions pas trop surpris, on savait depuis ses budgets de Premier ministre que la gestion des finances n’était pas vraiment son truc…
Après quelque temps, Manuel Valls se rend à l’évidence : le projet Catalogne n’a pas pris. Loin de se laisser abattre, il démissionne le 31 août 2021 de son poste de conseiller municipal pour retourner à son premier et seul vrai amour : la politique française. Après avoir amorcé son retour en appelant à voter Pécresse aux élections régionales de 2021 pour faire barrage à LFI (présente dans la liste d’union de la gauche de Julien Bayou, soutenue par le PS et EELV), Manuel Valls devient un chroniqueur régulier dans les émissions de BFM TV et RMC.L’année 2022 doit être le point d’orgue de son retour à la politique de premier plan. Après avoir soutenu lourdement la candidature de son ancien ministre de l’Économie, rappelant à tous que c’était une chance d’avoir un jeune cadre dynamique à la tête de l’État, Valls se présente à nouveau aux législatives de 2022.
Cette fois-ci, il met toutes les chances de son côté. Au revoir l’Essonne, bonjour… l’Espagne. Eh oui, Manuel Valls est investi par « Ensemble ! » sur la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger (Espagne, Portugal, Andorre et Monaco). Pour éviter une possible polémique autour de son nouveau candidat, le parti présidentiel a pris soin de rembourser l’ensemble des dettes du micro-parti « À gauche, besoin d’optimisme » fondé par Valls pour soutenir sa candidature présidentielle de 2017. Après avoir rêvé d’un retour triomphal à la vie politique après une victoire de prestige, le réveil sonne, et Manuel Valls réalise qu’il a été battu dès le premier tour par Stéphane Vojetta (dissident LREM, candidat à sa succession) et un candidat NUPES.
Un retour mitigé en France
Manuel Valls a par la suite retrouvé ses fonctions de consultant sur les chaînes info, intervenant régulièrement sur divers sujets d’actualité, en particulier le conflit israélo-palestinien.
Après huit années de disette électorale, Manuel Valls retrouve un poste de ministre des Outres-mers le 23 décembre 2024.
La vie de Manuel Valls a indéniablement un côté romanesque. Comme cette copine au bar qui vous parle sans cesse de ses histoires d’amour sans lendemain et de son nouveau mec « qui sera le bon », Manuel Valls donne cette impression de s’accrocher plus que de raison à un milieu qui l’a pourtant tant fait souffrir. Cette obstination est probablement conduite par une passion, un amour de la politique et une vision du passé, que seul le personnage principal du film peut comprendre et ressentir.
Même si, de l’extérieur, cette passion ressemble beaucoup plus à un acharnement qu’à une romance parfaite, il faut parfois admettre que, comme pour votre amie célibataire, les belles histoires arrivent parfois…
Une vieille copine, ce Manuel Valls…
P.R