Comment le proxénétisme se démocratise en ligne ?


Depuis sa création, Internet est utilisé par toutes sortes de charlatans à la recherche de gains faciles. Si depuis une dizaine d’années la promotion d’entreprises moralement discutables telles que le dropshipping ou l’affiliation était la norme, les « escrocs-preneurs » du web prennent de plus en plus la voie de l’illégalité à mesure que leurs précédents business déclinent. Depuis peu, de nombreux web entrepreneurs proposent désormais des formations pour devenir OnlyFans manager, une forme de proxénétisme digital à peine dissimulé. 


Avec l’avènement de plateformes de contenus payants telles que l’américain OnlyFans ou le français MYM, des entrepreneurs se sont spécialisés dans le recrutement de nouvelles créatrices de contenus pour adultes. Le principe est simple : une vendeuse de charme crée des comptes sur les réseaux sociaux et sur des sites de rencontre dans le but d’attirer des hommes sur sa plateforme. Là, les clients intéressés peuvent choisir de prendre un abonnement donnant accès à l’ensemble des photos et vidéos dénudées de la créatrice, moyennant un versement compris entre 5 et 50 € par mois. L’abonnement leur donne également accès à un canal de discussion pour échanger directement avec l’influenceuse et lui faire des demandes de contenus exclusifs, contre une rémunération supplémentaire. 



Le métier de proxénète 2.0


C’est dans cet univers qu’est né le métier d’OnlyFans manager (OFM). Son rôle est d’organiser l’ensemble de l’activité pour que l’influenceuse n’ait qu’à se concentrer sur son contenu érotique. Après avoir recruté sa nouvelle influenceuse, l’OFM à travers son agence, organise de A à Z l’activité en passant par la communication sur les réseaux, la gestion administrative, les déclarations d’impôts et même la vente de photos privées aux abonnés. Les offres pour rejoindre ce type d’agence pullulent sur Internet, car avec une répartition 50/50 des revenus, le bénéfice mensuel peut s’élever à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour chaque camp. Les agences sont d’ailleurs prêtes à tout pour convaincre, promettant voyages, locations d’hôtels luxueux et sous-vêtements offerts. 



De jeunes hommes visés…


Le métier d’OnlyFans manager est de plus en plus tendance sur les réseaux. Les campagnes marketing visent surtout de jeunes hommes précaires en quête d’espoir et de succès facile. À chaque fois, la scène est similaire : un homme musclé, avec des bijoux ostentatoires, sirotant un cocktail au bord d’une piscine, dans un pays paradisiaque. Ils leur parlent de succès, cherchent à inspirer et à créer un lien de confiance avec ces jeunes, en racontant une histoire souvent fausse où ils disent avoir fait fortune en partant de rien. Le but est simple : leur vendre des formations pour qu’ils puissent eux aussi, lancer leur agence de management. Ces formations, qui coûtent entre 500 et 1 200 €, promettent de générer plusieurs milliers d’euros dès les premiers mois, « en bossant dans une villa avec des bombes ». En gros, ils promettent tout ce dont rêvent ces jeunes hommes crédules, souvent désespérés. Certaines formations approchent le millier d’acheteurs.  



… et des risques juridiques énormes !


Cependant, les sites de vente de formations mentent aux intéressés sur les risques juridiques qu’ils encourent. S’ils mentionnent bien qu’il faut créer une société et payer des impôts, ils expliquent également que ce n’est pas du proxénétisme, car pour être considérée comme une prostituée, « il faut qu’il y ait un contact physique avec le client ». C’est une interprétation très optimiste de la loi, mais plus grave encore : le fait de recruter une personne et de rendre la créatrice dépendante à ce point, peut s’apparenter dans de nombreux cas, à de la traite d’êtres humain. D’autres pratiques commerciales trompeuses viennent également s’ajouter dans la balance, sans parler de la potentielle prostitution de mineurs.  


Ces jeunes hommes crédules sont donc entraînés dans l’illégalité par des escrocs sans morale, qui ont pour unique but de faire de l’argent avec les formations. Le rêve d’une vie pleine de succès pousse ces hommes à démarrer dans un secteur où ils n’ont pas conscience des risques et des enjeux, pour eux comme pour leurs modèles. Les entrepreneurs d’Internets glissent de plus en plus vers l’illicite… jusqu’à quand?

P.R

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