Élections, mais où est passé le chrétien de gauche ?
Vous le savez sans doute, Dieu et ses disciples ne sont qu’amour et paix. Mais dans les faits, quel pourcentage de croyants suivent réellement les préceptes contés par les grands livres ? À quoi doit-on s’attendre lors des prochaines échéances électorales ?
Lors des élections européennes de 2024, le constat est assez explicite : 60 % des catholiques se sont rendus aux urnes, et 69 % d’entre eux ont voté pour les principales listes de droite (RE-LR-RN-REN). À l’inverse, seulement 21 % d’entre eux ont glissé un bulletin étiqueté à gauche (PS-LFI-PC-EELV).
Les musulmans, eux, n’ont été que 40 % à participer au scrutin et ont voté à 74 % à gauche (dont une écrasante majorité pour LFI). C’est intéressant de remarquer que le vote catholique est réparti entre plusieurs listes, alors que les musulmans votent plus groupé (62 % des voix sont allées chez LFI).
Le vote chrétien est, lui, divisé entre deux grands courants de pensée : les libéraux conservateurs du centre droit, venant de Renaissance et des Républicains avec 26 % des voix, et les nationalistes d’extrême droite de Reconquête et du RN avec 43 % des suffrages. À l’inverse, seuls 6 % de musulmans à la mémoire courte votent pour des listes d’extrême droite.
Lors des européennes, les principaux sujets d’inquiétude des catholiques étaient : la lutte contre le terrorisme (72 %), la sécurité (71 %), l’immigration clandestine et la santé (67 % chacun). Si les catholiques se sont donc intéressés à des sujets majoritairement portés par la droite, les musulmans, eux, se rattachent à des idées appartenant à la rhétorique de gauche : pouvoir d’achat (76 %), santé (79 %), lutte contre le racisme (78 %) et conflit israélo-palestinien (83 %, contre seulement 39 % des catholiques).
Si l’on compare au vote de 2019, la proportion gauche-droite chez les catholiques est similaire. Cependant, on peut observer une migration des votes de centre droit vers des positions plus extrêmes (la baisse de 9 points de Renaissance (de 25 à 16 %) se retrouve directement dans les scores du RN (28 à 37 %)). Si la proportion droite-gauche chez les catholiques est similaire depuis 2017 (autour de 20 % de votes à gauche), ils étaient cependant 35,5 % à avoir voté pour des candidats de gauche au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, soit une baisse de quasiment 15 points.
Quand on voit la participation du vote catholique dans les scores de l’extrême droite, il est difficile de considérer le catholicisme comme une religion d’acceptation et d’amour. Les “aime ton prochain” adhèrent plus que jamais aux doctrines fascistes, racistes et homophobes promues par l’extrême droite.
Un maigre motif d’espoir repose peut-être dans les 2 % de catholiques qui ont glissé un bulletin “Parti animaliste” ; des brebis égarées sûrement…
Paul Rabeisen
